Jean de Saint-Samson
2020 | 381 p. | ISBN: 978-88-7288-186-6
Avec la publication de ce volume, l’Ordre des Grands Carmes, le dixième d’une série de douze, l’Ordre des Grands Carmes inaugure à nouveau le projet de la publication des oeuvres complètes de Jean de Saint-Samson. Il convenait d’inaugurer cette nouvelle entreprise avec l’édition critique des Lettres préparée par Yves Durand, honorant sa mémoire. Bien que ce volume soit le dixième de la série, il est également le premier qui ouvre la voie à la série des oeuvres complètes. Dans ce nouveau projet, les trois volumes déjà publiés seront révisés et réédités. Les lettres de Jean de Saint Samson s’inscrivent entre la «Guerre de la Mère et du Fils », qui oppose en 1620 Marie de Médicis à Louis XIII, et les mois précédant la mort de Jean de Saint-Samson, le 14 septembre 1636. Jean de Saint-Samson (Jean du Moulin) est né à Sens en 1571. Il perdit la vue à l’âge de trois ans ; malgré cette infirmité, il se fit lire très jeune l’Imitation et d’autres écrits mystiques. A vingt-cinq ans, il gagna Paris et mena dans la capitale une vie très mortifiée. Fréquentant le couvent des carmes de la place Maubert, il prit connaissance d’un très grand nombre de textes spirituels : les Pères, saint Augustin, Denys l’Aréopagite, Richard de Saint-Victor, saint Bernard, Catherine de Sienne, Louis de Grenade, mais aussi Sénèque et Cicéron. Les auteurs flamands et rhénans pèsent plus dans sa culture religieuse que Jean de la Croix et Thérèse d’Avila.
En 1612, Philippe Thibault, artisan majeur de la Réforme de Touraine et prieur du couvent de Rennes, appela dans cette maison Jean de Saint-Samson. Jusqu’à sa mort et pendant un quart de siècle, « l’aveugle illuminé », sans être officiel lement maître des novices, allait en fait assurer la formation mystique de beaucoup de religieux. Son influence s’exerça sur tous les couvents des Grands Carmes, en France et bien au delà. Du vivant même de leur auteur, les lettres étaient conservées par ses correspondants, échangées et copiées, comme cela se pratiquait souvent au XVIIe siècle, dans tous les milieux, laïques ou ecclésiastiques. Aujourd’hui le corpus se compose de quatre-vingt-dix-neuf lettres envoyées à des religieux et à des religieuses, à des parlementaires, mais également à Marie de Médicis et aux possédées de Loudun. Si l’on s’en tient à la forme, l’ensemble
des lettres présente une grande variété ; tantôt il s’agit de courts billets qui ne sont que des exhortations ou des lettres de courtoisie entre religieux, tantôt de véritables lettres-traités. Dans certains textes, l’auteur ne développe qu’un ou deux thèmes, alors qu’ailleurs on découvre un véritable foisonnement d’idées qui se chevauchent et s’interpénètrent. Le style d'une lettre envoyée à un étudiant en philosophie est naturellement très différent d’une réponse faite à Marie de Médicis.
Les sujets abordés sont également très divers. L’auteur traite du juste milieu, de l'amitié, de la solitude, de la simplicité et de la multiplicité, de la sainteté, des vertus et des passions, des puissances de l’âme, des rapports entre l’intérieur de l’âme et l’extérieur, entre science et sapience, de la mort mystique et de la vie abstraite, de la possession et des exorcismes, de l’oraison et des degrés de consommation de l’âme en Dieu, de la déification de la créature. Les conseils aux supérieurs sont l’occasion de condamner l’excès d’ascendance sur les subordonnés, de définir les exigences du noviciat, ainsi que les qualités exigées d’un bon supérieur.
Yves Durand, 1932-2004, ancien recteur, professeur émérite à la Sorbonne, avait préparé cette édition que la mort l’a empêché d’achever.
Hein Blommestijn, carme, auteur de nombreuses publications de théologique mystique, membre de l’équipe Ad Montem aux Pays Bas, l’a menée à son terme. Y. Durand avait publié en 1997 "Un Couvent dans la Ville. Les Grands Carmes de Nantes, 1318-1994".
Il fut aussi l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages d’histoire politique et sociale de la France moderne. Il a consacré ses recherches aux rapports entre politique et religion, ainsi qu’à l’idéal et aux valeurs sociales des XVIIe et XVIIIe siècles.